Les tenues civiles et l’airsoft

Les deux gars en costard avaient contourné la petite maison abandonnée. Ils marchaient comme si le monde leur appartenait. Ce n’était pas des caves. Ça se voyait. Ils avaient certainement dû éliminer mes pauvres coéquipiers. Et maintenant ils venaient pour le grisbi.
Tony la Chance avait toujours su choisir ses hommes.

Ce n’étaient pas de simples porte-flingues mais des vrais durs, élevés au 357 magnum. Pas de bol, mon boss à moi, il avait misé sur le mauvais cheval. On ne pique pas impunément de l’oseille à Tony La Chance. Surtout pas 500000 dollars. Et je me retrouvais seul, à défendre ce fric, caché dans l’ancienne scierie entre deux caisses en bois, pendant que Franky la Main Froide, mon patron, devait s’envoyer le meilleur champagne de France, au milieu des pépées les plus bandantes de tout Las Vegas.

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Je suis fataliste. J’avais quand même mon fidèle Remington M11, qui m’avait plusieurs fois sorti du pétrin. J’avais ma petite réputation dans le milieu. On m’appelait Uncle Rem, comme le début du nom de mon fusil. Y a plusieurs petites frappes qui avaient voulu jouer avec moi. Elles avaient perdu.

Je savais que les gars en face, ils avaient un flingue de concours, pas des Derringers, mais des bêtes de foire. Peut-être des Colt 44 special. Je savais aussi que la bande à Tony avait une préférence pour ces armes. Ça pouvait me sauver. Je connaissais le colt 44. Il ne faisait pas dans la finesse.

J’ai joué le tout pour le tout, je me suis levé de derrière les caisses, et j’ai pointé mon Remington vers le premier homme à gauche. Je l’ai touché dès le premier tir. J’ai dirigé mon arme vers le second et avant qu’il ne puisse m’aligner, j’ai appuyé sur la détente. J’ai vu la bille rebondir sur sa poitrine. Il a crié « Out » d’un air surpris…

Comme vous l’avez compris, cette petite histoire aurait pu être le final d’une partie d’airsoft scénarisée. Pas n’importe quel type de partie, un scénar où les airsofteurs sont habillés…en civil.

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Vaste sujet. C’est pourquoi avant de détailler ce thème de la « civilian touch » en airsoft, il est préférable d’en déterminer les limites. On écartera donc les tenues civiles anecdotiques, par exemple, les tenues de paysan, de personnels hospitaliers, d’ouvriers, d’ecclésiastiques, etc… toutes ces tenues faisant référence à des professions ou activités qui, en général, ne s’exercent pas un flingue à la main. De même, on rangera dans la catégorie des uniformes, ceux des unités classiques des forces de l’ordre, des équipes Swat, des services de sécurité, des contractors.

Que nous reste-t-il ? Un grand nombre de possibilités : le look truand des années 80, celui des mafieux des années 30, des flics en civil, des cowboys, des narcotrafiquants, des agents secrets, des membres de gang, des bikers…

Nous nous intéresserons donc, dans cette première partie de la Civilian Touch, aux mafiosi et truands américains des années 1930 à 1950.

Devenons de véritables stars de cinéma l’espace d’une partie ou d’une OP, et enfilons nos costumes de scène.

Le registre des mafiosi et des truands des années 1930 à 1950 :

Les sources d’inspiration

 

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Les orgas désireux d’organiser une OP sur la base d’un scénar Mafia/années 1930 à 1950, trouveront des sources d’inspiration aussi bien dans les films que dans les jeux vidéo. Pour bien s’imprégner de l’ambiance, je vous recommande un jeu vidéo que j’ai trouvé excellent : Mafia 2.

Au niveau cinéma, trois films sont, à mon avis des incontournables : Le Parrain, de Francis Ford Coppola sorti en 1972, avec notamment Marlo Brando et Al Pacino. Un véritable chef-d’oeuvre. Brian de Palma n’est pas en reste avec les Incorruptibles, film de 1987 avec Kevin Costner et Sean Connery, ou pour finir Public Enemies, un très bon film de Michael Mann sorti en 2009 avec Johnny Depp, Christian Bale et Marion Cotillard dans les rôles principaux.

La tenue

L’idéal est de porter un costume sombre, avec des rayures claires fines. On parle ici bien d’une veste et d’un pantalon. Vous pouvez mettre un gilet de costume. Dans ce cas, restez alors dans les tons sombres. La cravate peut être plus colorée, dans les rouges-Bordeaux, avec des motifs, comme des rayures en diagonale. La chemise doit être une chemise claire, grise ou blanche et surtout unie. Si le temps le nécessite, vous pouvez associer votre costume avec un pardessus, long également, dans les teintes sombres. Évitez les costumes à la coupe moderne. préférez les coupes rétro. Le pantalon de costume doit être assez large, sans excès.

Laissez tomber assez bas sur les chaussures. Nous ne sommes pas dans les années 70, donc pas de pantalons «pattes d’eph».

Si vous voulez plus d’excentricité, optez pour un costume dans les beiges clairs avec gilet et chemise clairs, et cravate foncée. Je recommande quand même la tenue sombre car elle sera la plus adaptée à l’airsoft. On connaît tous les costumes mafieux un peu extravagants mais il faut penser que vous allez courir, vous cacher, et peut être même faire quelques acrobaties avec, sur des terrains pas forcément nickel au niveau propreté!

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Le chapeau est un accessoire indispensable. Un chapeau Fedora/Borsalino sombre (gris ou noir) fera parfaite ment l’affaire. Pour qu’il tienne mieux, fixez un élastique qui fera office de sangle. Les chaussures peuvent être noires ou bicolores, de préférence avec un bout pointu.

Question investissement, n’hésitez pas à fréquenter les solderies. Pour un ensemble mafieux, vous vous en tirerez à 60-80 euros. Apportez la dernière touche en chaussant vos lunettes de protection à verres fumés. Si vous le pouvez, évitez les masques de protection qui nuiraient à l’allure générale.

Dernière remarque question look. Si possible, coiffez vos cheveux en arrière avec un gel effet « gomina ».

Même si le registre semble restreint, on peut évidemment l’étendre à tous les truands dans les années 30 à 50 aux États-Unis sans forcément évoquer la mafia. On restera dans le même type d’habillement sans toutefois être aussi strict. On peut par exemple prendre des costumes tirant sur le beige-marron avec l’indispensable chapeau.

On pourra se poser la question de savoir comment distinguer les différentes équipes jouant un scénar basé sur ce thème. En effet, il est vraisemblable que l’Orga opposera plusieurs clans mafieux. Plusieurs solutions sont possibles. La plus simple étant de faire porter des brassards ou des gros badges de différentes couleurs en fonction des équipes. Si l’orga souhaite un peu plus de tactique et de finesse dans le jeu, il pourra imposer, comme seule différence, une cravate de couleur distincte. Par exemple noire pour un clan, claire pour un autre et dans les tons rouges pour un 3ème.

En résumé, la tenue mafiosi/truands est une tenue abordable et élégante, mais qui souffrira énormément lors d’une partie d’airsoft. Elle n’est pas adaptée aux terrains à la végétation dense. Elle ne permet pas le port de gilet tactique.

Les répliques

Airsoft-Inside-juin-2011-088Une réplique mythique pour ce genre de scénar est la Thompson 1928 (Tommy Gun). Elle est disponible chez plusieurs fabricants d’airsoft en version métal. Imitation bois pour la crosse et le garde main.

En GBB, vous pouvez vous équiper d’un Colt 1911, également disponible auprès de plusieurs marques.

Airsoft-Inside-juin-2011-089On citera la M3 Grease Gun, (littéralement pistolet à graisse en raison de sa forme), le fusil à pompe Remington 870, qu’on trouve assez facilement en version réplique d’airsoft. Par contre, les répliques du célèbre fusil Remington M11 brillent par leur absence.

Les terrains adaptés

Le terrain rêvé ? Un village abandonné. Idéal pour y répartir des territoires de clans ou de gangs. Évidemment peu d’associations d’airsoft auront à disposition un tel terrain. Les friches industrielles, les bâtiments désaffectés avec un peu de terrain permettront également d’organiser un scénar sur ce thème. Un simple CQB restera trop limité. Il est envisageable de jouer en sous-bois, à la condition qu’il soit complétement dégagé des buissons, épineux et broussailles. Préférez une partie en été. Les tenues civiles supportent mal le mauvais temps et les traces de boue nuiraient à votre élégance.

Une idée de scénar

Il s’agit d’un petit scénario sans prétention qui mérite d’être développé en fonction du nombre de joueurs et du type de terrain. Plusieurs quêtes annexes devront être imaginées pour en faire une OP.

Gino était connu dans le milieu. On le surnommait Gino l’artiste. C’était le 3ème fils de Luigi Matteoni, un parrain de clan respecté. Gino avait le don pour la cambriole. Il savait ouvrir toutes les portes, tous les coffres. Il escaladait des murs à pic. Un as. Même Fort Knox ne lui aurait pas résisté. Mais le 03 décembre 1938, il aurait mieux fait de se casser une jambe, Gino. Pour les beaux yeux de Maria, du clan des Farleone, il avait dérobé au sein même des bureaux d’étude de SMITH ET WESSON, les plans d’une arme révolutionnaire et un prototype démonté de cette arme. Son idée : les revendre au plus offrant et se ranger des voitures. Partir loin avec sa dulcinée.

Malheureusement pour lui, son projet avait été éventé et le corps de Gino reposait entre deux carcasses de voiture. Les plans de l’arme avaient quant à eux, disparu.

Pour cette partie d’airsoft, il faut former 4 équipes. Une équipe représentant les membres du clan Matteoti. Une équipe représentant les membres du clan Farleone, une autre représentant les membres du clan Vittaci. Enfin la dernière équipe sera composée d’agents du FBI.

Au cours de la première partie, l’orga remettra une valise à un des clans, contenant les plans de l’arme révolutionnaire et une réplique démontée qui fera office de prototype. Les 3 clans auront pour mission de conquérir le maximum de terrain, matérialisé par des captures de drapeaux.

L’avantage d’avoir le maximum de drapeaux se retrouvera dans la 2ème partie. Les agents du FBI auront pour mission de semer la zizanie dans cette guerre de territoire. Dans cette première partie, la valise n’a pas d’importance. Imposer une limite de temps à cette partie. Prévoir des respawns illimités.

Pour la seconde partie du scénar, l’équipe qui détiendra la valise et son précieux contenu, sera chargée d’aller voir Giuseppe, un génie de la mécanique capable de monter, les yeux bandés, n’importe quelle arme. L’orga choisira le point d’implantation de l’atelier de Giuseppe, qui n’aura pas été communiqué au départ mais qui sera annoncé par radio à l’équipe détentrice de la valise en début de 2ème partie. Toujours avec un FBI jouant les troubles fêtes, l’équipe en possession de la valise devra donc rejoindre l’atelier de Giuseppe et faire monter le prototype. Si elle est interceptée en chemin par un autre clan, ce dernier aura pour but de prendre la valise et de trouver Giuseppe.

L’enjeu de cette seconde partie étant d’arriver jusqu’à lui et de repartir avec le prototype opérationnel. Giuseppe sera joué par un PNJ qui devra réellement remonter la réplique que le clan lui apportera. Pas de limite de temps. Respawns illimités.

Dans la 3ème partie, l’équipe en possession de l’arme révolutionnaire devra rapidement regagner un QG qui devra être tenu pendant un temps limité. Les joueurs de cette équipe auront 2 respawns possibles tandis que ceux des deux autres clans et les agents du FBI n’auront pas de respawn. Les deux clans et le FBI auront le même objectif : récupérer l’arme et les plans et prendre le QG. Ils pourront s’ils le veulent, passer des alliances (éphémères) via un même canal radio différent de celui utilisé par le clan détenteur du prototype.

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En conclusion, organiser une partie ou même une OP basée sur ce thème est tout à fait réalisable et ne de mande ni efforts ni logistique considérables. Signalons quand même que la tenue est tout à fait transposable aux flics américains en civil de ces années-là. Ce n’est pas Elliott Ness qui dirait le contraire. De même, il n’y aura rien d’illogique à reprendre ces bases pour un scénar qui se déroulerait dans la France des années 50, où les malfrats et les flics en civil portaient volontiers le costume. Il faudra juste choisir un costume plus strict, sans gilet, avec une cravate sombre à motif discret.

Droopy

Article publié dans Airsoft Inside  n°7

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